Wednesday 16 February 2011

Bunny Lake is Missing

THE ENGLISH VERSION FOLLOWS THE FRENCH ONE.

Les films d'Otto Preminger, techniquement parfaits, vicieux comme des Hitchcock et brilliantissimes au niveau du contenu ont aussi le mérite d'être des scènes privilégiées pour les acteurs. Prenez Autopsie d'un Meurtre où deux générations de comédiens ont l'opportunité de s'affronter à rôles égaux: Jimmy Stewart contre Ben Gazzara. Ou la très belle performance de Marilyn Monroe dans La Rivière sans Retour. Ici c'est Laurence Olivier (il aurait détesté et le film et le tournage)qui joue pour une fois sans maquillage, et nous donner l'occasion de le voir tel qu'il était dans une interprétation sobre et émouvante en légèreté.

Un jeune homme élancé, Steven (Keir Dulea (son visage vous sera familier, c'était lui Dave dans 2001, l'Odyssée de l'Espace)), récupère un ours en peluche près d'une balançoire, comme un criminel qui ferait disparaître ses preuves, il le met dans son sac, puis est suivi par des déménageurs jusqu'à un autre appartement. Là il leur dit d'attendre un peu car elle risque d'être en retard. Elle, c'est Ann Lake, elle attend à l'école maternelle que quelqu'un vienne s'occuper de sa fille dont c'est le premier jour. Elle finit par la confier à la cuisinière. Lorsque Ann revient chercher son enfant, Bunny, elle a disparu. Steve et Ann retournent toute l'école pour trouver la petite fille, mais personne ne l'a vue, elle n'est pas sur les registres... Dans l'appartement, les affaires de Bunny et son passeport sont aussi introuvables. Une idée nait peu à peu, que Felicia Lake, alias Bunny, n'a jamais existé...

Bunny Lake a Disparu raconte une histoire atroce, la disparition d'une enfant, mais ne la traite pas comme une histoire atroce. Preminger la raconte comme un conte pour enfant, un Hansel et Gretel moderne, se passant dans les rues de Londres. Les situations dramatiques sont systématiquement dédramatisées, elles sont mises à nu, ce qui les rend plus effrayantes encore. Le spectateur n'a aucun indice sur l'existence ou non de Bunny, il se retrouve dans la même situation que dans la vie.
Techniquement ce film est d'une virtuosité à couper le souffle, des travellings stylés dans des décors naturels suivent le visage frais et ému de Ann (magnifique Carol Lynley). Un cool jazz remplace la musique angoissante de thriller qui aurait pu hérisser nos nerfs. Le générique de Saul Bass est un chef d'oeuvre en lui-même.
La présence du monde réel, de la réalité est très prégnante. Lorsque le super-intendant Newhouse (Olivier) invite Ann au pub, pour la rassurer que les recherches continuent, il lui montre la télé où l'annonce de la recherche de Bunny commence mais quelqu'un change de chaine pour laisser chanter les Zombies ( que personnellement j'adore).
Comme dans la réalité, le monde se fiche des histoires personnelles, et cette scène est brillante parce qu'elle montre le hors-champ, elle montre que même dans le film, seuls les personnages ayant un lien direct avec l'histoire s'y intéressent, les autres vivent d'autres histoires.
Ce qui est merveilleux dans ce film, c'est la façon dont le personnage d'Ann se développe, au début on la perçoit de l'extérieur comme un être humain normal, et on a donc des préjugés on la voit comme une naïve fragile puis peu à peu elle se libère des avis des autres personnages montre sa force et sa grande intelligence. C'est un personnage extraordinaire tout à fait passionnant.
J'aurais l'extrême bonté de ne rien vous dire de la fin terriblement effrayante et totalement camp, mais ajouterais que dans les ingrédients, il y a une visite nocturne dans un hôpital pour poupées, et une autre dans un hôpital psychiatrique. Dans la dernière scène Preminger sait magnifiquement exploiter et devancer nos peurs.
Je vous encourage à voir ou à revoir ce film étrange de Preminger qui sortant des genres nous emmène sur des routes non explorées, il est fascinant et extraordinaire.


Otto Preminger's films, technically perfect, vicious like Hitchcocks, and brilliant concerning their inner contents, also have the greatness to be privileged scenes for actors. Take Anatomy of a murder where two generations have a rare opportunity to confront: Jimmy Stewart Vs Ben Gazzara, or the very strong performance of Marilyn Monroe is the River of No Return. Here it's Laurence Olivier who plays without make up showing us in a very sober and moving interpretation his true self.
A young slim man, Steven ( Keir Dulea ( you'll recognise his face, he was Dave in 2001, Space Odyssey)) pick up a teddy bear near the swingers, like a criminal who would erase the traces of a murder, he put it in a bag, then he is followed by removals to another apartment. There he let them know that She will probably be a bit late. She, it's Ann Lake, she's waiting at the Little People school that somebody will come and take care of her kid because it's her first day. She ends up leaving the child in the cook's care. But when Ann comes back to pick up the little girl, no one has seen her, she's not even on the registers... In the new appeasement, Bunny's things have disappeared. An idea is arising, maybe Felicia Lake, aka Bunny never existed...
Bunny Lake is Missing tells an horrible story, the disappearance of a child, but doesn't treat it like an horrible story. Preminger tells it like a tale for children, a modern Hansel and Gretel, taking place in the streets of London. The potentially traumatising situations are systematically de-dramatised, which make them more scary, by the nudity of the direction. The watcher has no clue if Bunny really exist or not, he's exactly in the same position he would be in real life facing this kind of mystery.
Technically this film is of an heart breaking virtuosity, the stylish travellings filmed in natural settings which are following the fresh and moved face of Ann (wonderful Carol Lynley) are amazing. There's cool jazz instead of anguishing thriller music, and the titles created by Saul Bass are by themselves a masterpiece.
The presence of the real world outside our story, but in the film is very obvious. When the superintendent Newhouse (Olivier) invites Ann in a pub, to reassure her that the researches are going on he points out the announcement about Bunny on TV, but someone change the channel to let the Zombies (which I personally adore) sing.
Like in real life, no one cares about the story apart from those involved in it. This scene is brilliant because it shows the existence of the Off-screen instead of closing the film on itself.
What is wonderful in this opus, is the way Ann's character develops. We learn to know her, like we would do with real people in real life. First with misconception, she seems fragile and naïve, and then we witness her force and intelligence. She's an extraordinary and absolutely fascinating character.
I'll be nice enough and won't spoil the ending for you, but the ingredients of this ending are so poetic and camp, that you must at least know that a dolls hospital and psychiatric hospital are involved.
In the last scene Preminger wonderfully knows how to exploit and outstrip our fears.
I encourage you to watch or re-watch this strange film, which by getting out of the genres lead us on non explored roads. It an extraordinary and fascinating opus.




1 comment:

Nadine said...

Tu m'as donné envie de le voir.

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