Sunday 5 October 2008

DE LA GUERRE/ON WAR BERTRAND BONELLO



English:
There are two kinds of filmmakers, the one who came to cinema because they were adoring the work of others, and wanted to work in their continuity, and the one who wanted to blow up the screen thinking they would do what no one before them had done (they think that way mostly because their cinematographic culture is close to zero). What’s good, would you ask, with continuity? Gosh, this is a philosophic question which could endure one or two dissertations to even get close to a simple answer, so I will just give my point of view as a cinephile: the history of cinema is full of treasures that are getting more and more forgotten, for the simple reason that cinema is not studied in high schools and that no one is forced at some point to watch the classics, while everyone has to study literature, and can learn quite easily, if they love it, that classics deserve their qualification because time doesn’t bring alteration to them and because most of the time they display more profound thesis that the common of contemporary literature. They were saved from thousands of crappy books written in their time because they had something eternal in them. Knowing History means having a sense of relativity, and starting from there, means building, building their way to something more personal. 
I like Bertrand Bonello because he’s an heir of cinema, he loves it, and that is priceless to me as I get to feel more and more lonely as a cinema lover. This is why I, right away, wanted to see his new Opus De La guerre (On War). We were about 5 in the cinema Friday afternoon. The idea I had from the trailer was of a sort of intellectual comedy with a guy spending a night in a coffin and joining a cult because he wants to give up responsibilities… Sometimes trailers are killers for films, because this film is much more than that. 
First the impression of comedy and of madness of the character is totally wrong; the evolution of this film is on the rhythm of discoveries. Bertrand is in a coffin shop for the preparation of his film, he truly gets locked in a coffin, and spends the night in it, but after the panic he regulates his breathing and reach some real bliss. His quest will be to find this bliss outside of the box, and it’s with reluctance first that he’s brought to a house where he will learn to fight for pleasure. It is never clear whether this place is a sect or not, all goes for the best until a teenager living there, shots himself in the head. The people in this house, called the Kingdom,  learnt to feel again, feel pain a hundred times more, and looking at it from outside it could look like madness. This is the delicate cigarette paper that prevents us from loosing our mind. Bertrand has to fight against his demons in the forest, looking for Kurtz who’s asking for his own death. Heart of Darkness.
This film is amazing and new because it actually seems to be fluctuating like moods in life, at the end Bertrand has reached a sort of equilibrium, but he already did it once in the film. I guess that this film is contemplating human moods, how sometimes everything looks simple and how sometimes everything is but seems undoable and painful. This way the film talks to me, no one who feels is saved by wisdom, and thus there’s just a journey, which leads to another journey like in Apocalypse Now, or in Heart of Darkness… and I loved recognising Michel Piccoli from his voice, like I did with Marlon Brando in AN.
 This film makes sense, first we learn to open our feelings, then the return to real life is painful, then we become soldiers to defend our feelings in a world that tends to kill them: be the soldier of your emotional survivance, learn to fight to keep being ultra sensitive, is the highest way to resists against the outside madness!
Français:
Il y a deux sortes de réalisateurs: ceux qui se vivent dans l’amour du cinéma et la continuité de l’histoire du cinéma, et ceux qui pensent pouvoir faire quelque chose de nouveau, et qui ne pensent qu’en termes de technicités. Disons qu’il y a les passionnés et les pragmatiques. Les pragmatiques ont souvent une culture cinématographique proche du degré zéro, les passionnés se font de plus en plus rares. Vous pouvez me demander en quoi est-ce mieux de prendre en compte tout ce qu’il y a eu avant si l’on veut exprimer sa propre voix? C’est une question très complexe qui mérite plusieurs thèses. Moi je peux simplement donner mon avis de cinéphile qui est que, si l’on compare le cinéma à la littérature, en littérature, justice est faite aux classiques car ils sont enseignés à l’école, et que n’importe quel être qui s’intéresse un tant soit peu à la littérature comprendra vite qu’un classique est un classique parce qu’il a survécu dans la mémoire des hommes à tout le reste de la littérature contemporaine merdique qui l’entourait. Donc qu’un classique est un bon bouquin ! Combien de fois, j’entends à propos de tel ou tel film “Oh c’est en noir et blanc, Oh c’est un vieux film, je n’ai pas envie de le voir” hors il en est de même des films que des livres, parfois, souvent ces “vieux” films ont beaucoup plus à dire et de manière plus fine et plus belle que certains films contemporains! Bref pour moi, un cinéaste conscient de ce qu’il y a eu avant lui peut comprendre de quoi il est fait en étant conscient de l’inné sur l’acquis et peut jouer avec maîtrise des codes empruntés aux “anciens” et ainsi faire avancer l’histoire. 
Nous en 2008 sommes capable de comprendre le langage cinématographique de façon presque’ innée, plus besoin de nous expliquer ce qu’est un flash-back ou de l’introduire de façon évidente, notre esprit à été formé à comprendre la grammaire cinégénique en un clin d’œil. Si Fenêtre sur cour a des accents de déjà-vu pour le spectateur de 2008, c’est parce que de là, d’Hitchcock, avant lui de Griffith ou d’Eisenstein vient cette grammaire qui aujourd’hui nous semble instinctive, innée et logique, la seule façon d’être clairvoyant sur le cinéma et d’avancer aussi bien dans le discours que dans la forme et de pouvoir presque philosophiquement détacher l’inné de l’acquis.
Bertrand Bonello est de toute évidence pour moi, un cinéaste de la première catégorie, le cinéma pour lui constitue une recherche sur à la fois l’humain et l’histoire du cinéma. La bande-annonce de son film ne lui fait pas justice du tout, on semble avoir affaire à un personnage qui veut abandonner ses « responsabilités » face à la société qui après un excès de comportements étranges rejoint une sorte de secte du plaisir, or ça n’est pas ça. Bertrand travaille à son prochain film lorsque explorant un magasin de pompe funèbre il s’enferme par mégarde dans un cercueil et y passe toute la nuit. Une fois la panique passée, il régularise sa respiration et atteint l’émerveillement. C’est cette sensation qu’il va essayer de retrouver sans pour autant faire de ce cercueil un objet de culte. C’est un culte laïque auquel il va se plier en redécouvrant, donc dans cette maison appelée le royaume, les jeux dionysiaques et païens. Le plaisir doit se conquérir par la guerre ! 
Un premier retour à la vie quotidienne le perturbe assez pour qu’il laisse tout tomber, et l’ambiguïté du lieu avec la dénomination d’une secte devient inquiétante. Mais lorsqu’un adolescent se suicide la peine de chacun devient individuelle, et il n’y a plus de sagesse. Betrand part à la guerre, il devient le héros d’Apocalypse Now ou de Au cœur des ténèbres et part à la recherche de Kurtz pour le tuer. Kurtz est bien sûr fictif, et il s’agit plus ici d’un jeu cathartique que de folie passagère. Mais ce jeu, cette retrouvaille avec soit passe par une référence de l’histoire proche du cinéma. Au bout du film, je me demande quel chemin j’ai parcouru et quel résultat j’ai atteint et, d’un coup je ne sais pas. Et c’est en analysant les sensations de cet opus que j’en viens à comprendre sa véritable nature, de chemin qui mène à un autre chemin : dans la vie, il n’y a pas de résolutions, jamais on abandonne un état de tristesse pour toujours, parfois on est bien et tout semble facile, parfois tout est facile, mais chaque mouvement nous heurte, et tout semble impossible. Ce que ce film dit en fin de compte, c’est que ces hauts et ces bas sont précieux et qu’il faut être un soldat pour les défendre de l’uniformisation et de la perte générale de sensations que donne le monde. Apprenons contre la folie du monde a préserver notre capacité d’écorchés vifs et être les soldats de ces sensations dont naissent nos plus grandes douleurs mais aussi nos plus grands bonheurs. Par son propos original et magnifique, ce film apporte quelque chose de nouveau et de très beau au cinéma.

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